🗓 Février 2025
Depuis 2015, **127,8 millions de dollars** ont été investis dans le secteur de l’énergie aux Comores, soit **9,5% des dépenses totales de l’État**. Pourtant, malgré cette somme astronomique, la situation ne cesse de se dégrader. **Les coupures de courant sont devenues un quotidien**, et les Comoriens paient **l’une des factures d’électricité les plus chères d’Afrique** pour un service des plus précaires.
Un rapport accablant de la **Banque Africaine de Développement (BAD)**, publié en **septembre 2023**, dresse un bilan catastrophique de la gestion du secteur énergétique comorien. **Entre absence de planification, achats inadaptés et dettes abyssales, la SONELEC s’enfonce dans un gouffre financier.**
Les financements injectés dans l’énergie auraient dû permettre une amélioration significative du réseau électrique. Pourtant, le **rapport de la BAD** montre que **plus de la moitié de ces dépenses sont parties en fumée** :
Malgré **six interventions d’achat de groupes électrogènes en 10 ans**, **la situation reste inchangée**. **Le gouvernement continue de réagir en urgence** plutôt que d’adopter une véritable stratégie énergétique durable.
Une des révélations les plus préoccupantes du **rapport de la BAD** concerne l’achat des **groupes électrogènes** :
"Les groupes électrogènes achetés et installés sont des moteurs de petite taille et à vitesse rapide,
conçus pour une utilisation de secours et non pour alimenter un réseau national."
— Banque Africaine de Développement, septembre 2023
Concrètement, ces moteurs ne sont pas faits pour fonctionner **de manière continue**. **Ils s’usent plus vite, nécessitent des réparations fréquentes et sont inefficaces pour une alimentation stable**.
Et pourtant, **le gouvernement continue d’acheter les mêmes équipements**, comme l’a annoncé **La Gazette des Comores le 22 janvier 2025** :
"Le gouvernement a confirmé l’arrivée imminente de **quatre nouveaux groupes électrogènes**, destinés à renforcer la capacité de production de la SONELEC, particulièrement en prévision du mois de Ramadan."
**Une solution temporaire, mais aucun plan pour moderniser durablement le réseau.**
La **SONELEC est structurellement déficitaire**, avec des pertes financières énormes :
**Le déficit de la SONELEC continue de s’aggraver**, la rendant **totalement dépendante des subventions de l’État.**
Le comble de cette crise est que les Comoriens paient **l’un des tarifs d’électricité les plus chers du continent** :
🔌 **0,4 €/kWh**, contre **0,1 €/kWh au Sénégal** et **0,05 €/kWh en Côte d’Ivoire**.
Pour ce prix exorbitant, **les habitants subissent pourtant des coupures quasi quotidiennes** et une absence totale de service après-vente.
Le **rapport de la BAD** met en évidence **l’absence totale de vision à long terme** :
Le **Cap-Vert, avec seulement 2 milliards de francs comoriens d’investissement**, a réussi à **stabiliser son réseau et atteindre 94% de taux d’électrification**.
🛑 **Les Comores, malgré 22,6 milliards de prêts, n’ont pas progressé.**
Face à cette impasse, **des réformes structurelles sont indispensables** :
"Si aucune réforme structurelle n’est engagée,
le pays continuera à gaspiller des milliards pour un réseau toujours aussi inefficace."
— Banque Africaine de Développement
La crise énergétique comorienne **est le résultat d’une gestion chaotique et d’un manque total de vision.** **Les milliards injectés n’ont rien changé**, et tant que **les erreurs ne seront pas corrigées**, **le pays continuera de plonger dans l’obscurité.**
Source : Revue des dépenses publiques dans le secteur de l’énergie aux Comores, Banque Africaine de Développement, septembre 2023.