Officiellement, elle est en charge de la production, du transport, de la distribution et de la commercialisation de l’électricité. Dans la réalité, elle est surtout connue pour sa gestion erratique du courant, son talent pour les pannes inexplicables et sa contribution majeure à la popularité des groupes électrogènes et des lampes solaires.
La SONELEC est placée sous la tutelle bienveillante du Ministère de l’Énergie (qui fonctionne en mode économie d’énergie permanente) et du Ministère des Finances, qui s’assure que chaque franc comorien investi dans l’entreprise s’évapore plus vite qu’un orage en saison sèche.
Son siège social, basé à Moroni, sert avant tout à centraliser les plaintes et à coordonner les justifications rocambolesques sur les coupures d’électricité. Elle possède également des succursales à Mutsamudu et Fomboni, qui fonctionnent sur le même modèle : peu d’électricité, beaucoup de bureaucratie.
Avec un capital social de 600 millions de francs comoriens, entièrement détenu par l’État (et régulièrement mis à contribution pour des « investissements » aussi mystérieux qu’inefficaces), la SONELEC ne propose aucun abonnement. Ici, tout est en prépaiement : tu payes d’abord, et après… c’est une loterie !. Parfois tu as du courant, parfois tu n’en as pas, et parfois ton compteur affiche des chiffres qui défient toutes les lois de la physique.
La SONELEC est administrée par un Conseil d’Administration, qui se réunit régulièrement pour trouver de nouvelles façons d’expliquer les coupures sans jamais parler de solutions. L’équipe de direction comprend :
La SONELEC est officiellement soumise aux contrôles prévus par la loi. Mais comme les coupures de courant, ces contrôles sont aléatoires et souvent interrompus avant d’aboutir à un résultat concret.
Si un audit externe est prévu, il est généralement confié à un cabinet international, qui repart avec plus de questions que de réponses et un rapport final aussi flou qu’un générateur en fin de carburant.
Les employés de la SONELEC, contrairement à leurs dirigeants, tentent tant bien que mal de maintenir un semblant de service. Malgré du matériel obsolète, des moyens dérisoires et une direction qui brille par son incompétence, ils essaient de réparer ce qui peut l’être… souvent avec du fil de fer et beaucoup d’ingéniosité.
Grâce à la SONELEC, l’électricité n’est plus un simple service, c’est une expérience mystique. On ne sait jamais quand elle va arriver, combien de temps elle va rester, et surtout, quelles justifications farfelues on va nous sortir quand elle disparaîtra.
SONELEC : Quand la lumière devient un luxe et l’obscurité, un patrimoine national.